Je me faufile dans la cour de la maison et ferme la clôture avec vitesse avant que Pookie, le grand Rottweiler de Flavie, puisse sortir. Situé dans le quartier en pleine gentrification de Côte-Saint-Paul, le jardin de Flavie est un refuge tranquille, un espace vert entouré de cônes orange fluo et de machines de construction jaune. Je comprends tout de suite à quel point cet espace est l'endroit idyllique pour la méditation matinale de Flavie ; c’est un point de stabilité important pour iel et leur santé mentale.
I quickly slip in through the gate next to the house before Pookie, Flavie's big friendly rottweiler, can sneak past me. Located in the quickly gentrifying neighbourhood of Côte-St-Paul, Flavie's garden is a quiet refuge, a green dot in the middle of neon orange pylons and yellow construction machines. I quickly understand how the quiet of the space gives Flavie room for serene morning meditation before they start each day, an important stability for their mental health.
L’esprit ouvert et libre de Flavie est reflété dans la façon dont ile approche leur jardin, encourageant les plantes à pousser là où elles tombent, et accueillant le mixe de saveurs qui est créé à partir de jumelages uniques de plantes qui vont au-delà du simple planter-ses-tomates-avec-du-basilic. Entouré d’une grande variété de verdure, Flavie s’étire pour cueillir de belles tomates cerises au moment où la lueur du jour passe au-dessus de leurs épaules. Se penchant davantage, ile ramasse de la rhubarbe, laquelle continue de fleurir si tard dans la saison. Finalement, Flavie cueille délicatement du humulus lupulus, du houblon qui ressemble à de la camomille pour sa propriété sédative : ile séchera la plante pour faire des thés hivernaux.
Flavie's free and open spirit is reflected in how they approach their garden; they encourage things to grow where they fall, and embrace the mixture of flavours that result from this interconnectivity beyond the stereotypical pairing of tomatoes and basil. Surrounded by a lush variety of greenery, Flavie reaches to pick some juicy cherry tomatoes as the morning sunlight flows over their shoulders. Bending low, they pick some rhubarb which is still flourishing late in the season. Finally, they carefully harvest some humulus lupulus, some hops that they will dry and use in their winter teas, an ingredient with sedative qualities similar to the better-known chamomile plant.
Voici quelques extraits de notre conversation sur les jardins, la santé mentale, et le laisser-aller en jardinage pour voir des choses pousser où on ne s'y attend pas.
Here are some extracts from our discussion together about gardens, mental health, and letting things grow in unexpected places.
Selena: Est-ce que tu peux me décrire un peu ton jardin et ton lien avec celui-ci?
Flavie: Tu le vois un peu en ce moment, mon jardin c’est vraiment un chaos organisé. Si ça pousse tout seul, je le laisse pousser, et des fois c’est moins beau, mais souvent à ce temps-ci de l’année et l’été ça fait des super belles fleurs sauvages qui poussent partout. Par exemple, je laisse les tomates qui tombent de mes plants tomber, je ne fais pas le ménage, je ne les enlève pas. Je les laisse là, et l’année prochaine ça fait des nouveaux plants de tomates qui poussent tout seul. Ma vigne je la laisse aller partout. J’ai pas beaucoup de laisser-aller dans la vie, j’aime beaucoup contrôler et avoir les choses sous-contrôle tout le temps. Mais mon jardin, il va faire sa vie et je le laisse aller. Et moi si je peux profiter de ses fruits et légumes, je vais le faire. C’est quand même très apaisant comme relation.
Selena: Cette année, il y avait une pandémie, et c’était au tout début de la saison de jardinage. Comment as-tu été impacté?
Flavie: Pour moi, ça m’a donné plus de temps. D’habitude je n’ai pas beaucoup de temps pour mon jardin, et là je me suis retrouvé sans emploi, avec la PCU. Donc ça m’a donné plus de temps pour m’asseoir dedans et en profiter en dehors de la récolte.
Selena: Comment le fait de jardiner impact ta santé mentale?
Flavie: C’est vraiment une activité méditative. Je peux passer deux heures dedans sans m’en rendre compte et juste apprécier le fait d’être avec les plantes, les abeilles, les sauterelles, et juste le regarder pousser.
J’ai développé un rapport de cycle de vie avec mon jardin. Moi j’aime beaucoup l’hiver, et les gens trouvent ça surprenant parce qu'on ne peut pas jardiner l’hiver, donc ils s’attendent à ce que je haïsse ça et que je dois préférer vivre dans la chaleur, mais je me promène dans mon jardin l’hiver quand même. Il est plein de neige et je trouve ça super beau. Pour moi il y a un cycle de vie et de mort avec le jardin, avec la nature. Au solstice d’hiver, on est à l’apogée de la mort, de la fin de vie, mais en sachant très bien qu’il se passe plein de choses en dessous de mon jardin. Il y a encore plein de racines. Si je creuse je vais voir que mes plants de fraises sont encore là, prêts pour le printemps. Après ça je peux profiter du printemps à fond, parce que j’ai eu cinq mois sans jardin. C’est émerveillant, tout fleurit, tout est plaisant. À l’été et l’automne on récolte, on profite de ce qu’on a travaillé, et à l'hiver on se repose, et c’est correct. Des fois, pas tout est en vie et c’est correct, ça revient. Donc j’ai vraiment associé le cycle de la vie et de la mort à mon jardin, et au repos. Le repos, c’est correct.
Flavie was photographed in their backyard garden in Tiohtià:ke (Montreal) on the traditional territory of the Kanien’kehà:ka. These environmental portraits were made by Montreal portrait photographer Selena Phillips-Boyle of Life by Selena Photography. Selena specializes in environmental portraiture, portraits, and natural light photography. This pandemic photo project about gardens and mental health is part of a five-part photo series. Here you can see Part One with Hashmita, Part Two with Leh, Part Three with Kristen, and Part Five with Élise of this portrait series.
Flavie a été photographiée dans le cours de son jardin à Tiohtià:ke (Montréal) sur le territoire de la nation Kanien’kehà:ka. Ces portraits environnementaux ont été produits par la photographe montréalaise Selena Phillips-Boyle, de Life by Selena Photography. Selena se spécialise en portraits environnementaux, des portraits et la photographie en lumière ambiante. Ce projet photo en pandémie porte sur les jardins et la santé mentale, et est la première partie d’une série de cinq. Ici vous pouvez voir les portraits de la première partie avec Hashmita, la deuxième partie avec Leh, la troisième partie avec Kristen et la cinquième partie avec Élise de cette série de jardinage.