"Doorstep to Doorstep": Process
"Doorstep to Doorstep" explores the physical and emotional impacts of labour on the body. With this project I collaborated with essential workers creating a series of environmental portraits using black and white film photography. "Doorstep to Doorstep" is my first film photography project, and culminated in my first artist residency and solo exhibition at Gallery 44 (Toronto). Here you can see the final selection of images from "Doorstep to Doorstep". As an artist and worker, it was important for me to also integrate my labour into the exhibition. Here is more information about the process from start to finish!
De porte en porte : la démarche
De porte en porte explore les répercussions physiques et affectives du travail sur le corps. Durant ce projet, j’ai collaboré avec des travailleur·euse·s essentiel·le·s pour créer une série de portraits environnementaux argentiques en noir et blanc. De porte en porte est mon premier projet de photographie argentique. La démarche a culminé lors de ma première résidence d’artiste et exposition solo au centre Gallery 44, à Toronto. Pour voir la collection finale d’images créées dans le cadre du projet De porte en porte, cliquez ici. En tant qu’artiste et que membre de la classe ouvrière, je tenais à ce que mon travail fasse partie intégrante de l’exposition. Voici donc un complément d’information sur ma démarche, du début à la fin du projet!
1) Without institutional support, it's difficult to enter workplaces to document workers. I developed the concept of "Doorstep to Doorstep" as a creative way to get around this obstacle. The original idea was developed in 2019, showing the life cycle of concept development to presentation.
1) Sans appui institutionnel, il est difficile de suivre les travailleur·euse·s sur leur lieu de travail. Pour contourner cet obstacle de manière créative, j’ai eu l’idée d’aller « de porte en porte ». J’ai commencé à développer ce concept en 2019 (on voit bien là le cycle de projet, de l’idéation à la présentation).
2) I was outside on a busy street, and had just finished making the last frames after two long weeks of filming on a commission project. I opened my email and saw the residency acceptance letter from Gallery 44. After so many rejections, I had finally been accepted for a residency. I was so happy I cried.
2) J’étais dehors, sur une rue bourdonnante d’activité. Je venais de terminer les dernières images d’une commande après deux longues semaines de tournage. En consultant mes courriels, je suis tombé·e sur la lettre d’acceptation du centre Gallery 44. Après tellement de demandes rejetées, j’avais enfin décroché une résidence. J’en ai pleuré de joie.
3) From October 2022 to January 2023, I photographed nine workers. Contact was made through my existing networks, word-of-mouth, and online job boards. I mindfully collaborated with participants representing diverse identities and working lives.
3) Durant la période d’octobre 2022 à janvier 2023, j’ai photographié neuf travailleur·euse·s. Je les ai rencontré·e·s via mon réseau, par le bouche-à-oreille et sur des sites d’emploi. J’ai collaboré de manière réfléchie avec des personnes porteuses d’identités et d’expériences de travail diverses.
4) Each participant was photographed with black and white film photography using my Bronica Zenza camera on 120 Kodak Tri-X film. I chose to use this film stock due to its historic significance in documenting worker struggles. In total I made 32 rolls of film for this project.
Here are some things my eyeballs saw while making images:
—A cup of coffee at sunrise; a cup of grapefruit juice at sunset.
—Dust that coats the legs of pants after a day of work on a construction site.
—A big yawn that bursts across the face. And another, and another. On repeat throughout the bus commute home.
Here are some things my earballs heard during the documentation phase:
—A knife quietly slicing through fresh mango.
—Celine Dion's "On ne change pas" blasting in the car on the drive home.
—Critical reflections about whether building luxury condos should be considered "essential work".
This project has made me think about my own routines - or rather lack thereof. How many times have I said that I can't do anything every day, not even brush my teeth? I push the "free" in "freelancer" as far as I can possibly take it. The opportunity to spend time in so many worlds has shown me that some people have a solid daily routine.
4) J’ai capté chaque participant·e en noir et blanc avec mon appareil Bronica Zenza sur la pellicule Tri-X 120 de Kodak. J’ai choisi cette pellicule pour son importance historique dans le travail documentaire sur les luttes syndicales. En tout, j’ai développé 32 rouleaux de pellicule.
Au fil du projet, j’ai vu :
—Une tasse de café à l’aube, un verre de jus de pamplemousse au crépuscule.
—La poussière accumulée sur un pantalon après une journée au chantier.
—Un long bâillement qui s’étire sur tout le visage, encore et encore, tout le long du trajet d’autobus vers la maison.
Pendant la phase documentaire, j’ai entendu :
—La lame d’un couteau qui tranche doucement une mangue fraîche.
—« On ne change pas », de Céline Dion, à fond dans l’auto au retour du travail.
—Des réflexions critiques — la construction de condos de luxe est-elle un travail essentiel?
Ce projet m’a fait réfléchir à mes propres routines, ou plutôt à mon manque de routine. Je le dis souvent : je suis incapable de faire la meilleure chose tous les jours, même s’il s’agit de me brosser les dents. Pour moi, être pigiste est aussi une question de liberté. En m’imprégnant d’une foule de mondes différents du mien, j’ai constaté que certaines personnes ont une routine quotidienne bien implantée.
5) This project was made in the low winter light of early mornings and late afternoons. In order to make the ISO 400 film work in this light, I pushed the film one to two stops. Unfortunately it didn't work the way I expected and I lost many frames to under-exposure. Heartbreak.
5) Les photos ont été réalisées en hiver, dans la faible lumière des petits matins et des fins d’après-midi. Pour compenser, j’ai poussé ma pellicule ISO 400 d’un à deux stops. Malheureusement, ça n’a pas donné les résultats escomptés; j’ai perdu plusieurs images sous-exposées. Crève-cœur.
6) My member residency took place during the month of February. During the residency I developed the film, made contact sheets, made test strips and test prints, scanned the film to digital, and printed the final images. I extended my residency by an extra week into March. Sometimes you just need a little more time.
Here are some silly things I did during this phase:
—When cutting the film, I chopped one frame right in half.
—Turns out paper cuts from film paper hurt a lot more than printer paper.
—The darkroom clock ran out as I was mid-development of a contact sheet, so I had to count the last 30 seconds out loud.
Here are some things I reflected on during my long hours in the darkroom:
—I've been making digital photos for 15+ years, but film photos for 2. How can I show myself grace through these early stages of building a new skill set?
—What does a photo community look like?
—What does it mean when darkroom time feels more real than real time?
6) Ma résidence avait lieu durant le mois de février. Pendant cette période, j’ai développé la pellicule, réalisé des planches-contacts, des bandes d’essai et des épreuves, numérisé la pellicule et imprimé les images finales. J’ai prolongé la résidence d’une semaine, en mars. Parfois, on a juste besoin d’un peu plus de temps.
Voici trois choses absurdes qui sont arrivées durant cette période :
—En découpant ma pellicule, j’ai coupé une image en deux.
—J’ai appris que le papier photographique, ça coupe encore plus que le papier d’imprimante.
—La minuterie de la chambre noire s’est arrêtée pendant que je développais une planche-contact. Résultat : j’ai dû compter les 30 dernières secondes à voix haute.
Voici à quoi j’ai réfléchi pendant les longues heures passées dans la chambre noire :
—Je fais de la photo numérique depuis plus de 15 ans, mais j’ai seulement deux ans d’expérience en photo argentique. Comment puis-je être indulgent·e envers moi-même pendant cette période d’apprentissage?
—À quoi ça ressemble, une communauté photographique?
—Qu’est-ce que ça veut dire quand le temps de la chambre noire paraît plus réel que le temps réel?
7) Contact sheets are a quick way to lay out all the images from one roll of film. Here you can see different frames from the same scene. Notice the notes I made on the contact sheets.
7) Une planche-contact permet de visualiser rapidement toutes les images contenues sur une même pellicule. Ici, on voit différentes images de la même scène avec mes notes prises à même la planche-contact.
8) I love this series of Agnès dancing. In the end I selected one image for this exhibition. I love the dark moody light in the room, but I wanted to retain detail in their arms, the strong muscles of a mechanic. I experimented with several different exposures.
8) J’adore cette série d’images où on voit Agnès danser. J’en ai retenu une pour l’exposition. J’aimais beaucoup la douce pénombre dans la pièce, mais je voulais aussi qu’on voie le détail des bras – les muscles saillants des mécaniciens. J’ai donc testé différents niveaux d’exposition.
9) Dodge: Decrease the exposure on an area of the print to make it lighter.
Burn: Increase the exposure on an area of the print to make it darker.
Sounds simple right? In reality it's extremely hard. Here's an early example of me practicing these techniques.
9) Boucher : sous-exposer une partie de l’image pour l’éclaircir.
Cramer : surexposer une partie de l’image pour la noircir.
Simple, n’est-ce pas? En réalité, c’est extrêmement difficile. Voici une de mes premières tentatives.
10) This is my first open edition print. I thought it would be easier—establish the print settings with a test strip and then replicate it several times. With each print I noticed one thing—a skewed horizon, a detail I wanted to crop out, a speck of dust. I had to accept the imperfections. There's a lesson hidden in there. You can order a contact print through my contact form.
10) Cette image est mon premier tirage en édition ouverte. Je m’attendais à un processus simple : choisir mes réglages d’impression à partir d’une bande d’essai, puis les reproduire à répétition. Mais à chaque tirage, quelque chose me dérangeait — une ligne d’horizon de travers, un détail que je voulais rogner, un grain de poussière. En fin de compte, j’ai dû accepter les imperfections. Cette expérience cache une leçon. Pour commander un tirage en édition libre, veuillez passer par mon formulaire de prise de contact.
11) I was able to increase the contrast on digital scans of lower contrast darkroom images. I made a few tests by using a laser printer on a basic transparency and an inkjet printer on pictorico transparency film. It was a complete flop. But I'm so proud of myself for making time to experiment and play.
11) Certaines images développées dans la chambre noire manquaient de contraste. Après les avoir numérisées, j’ai pu ajouter du contraste. J’ai fait quelques tests avec une imprimante laser sur acétate et avec une imprimante à jet d’encre sur pellicule transparente Pictorico. Échec total. Mais je suis tellement fier·e d’avoir pris le temps d’expérimenter et de m’amuser.
12) This project established a foundation of analogue image making. It was really important for me that my first large scope project about labour include my labour in the printing phase. What's next? More projects with other forms of analogue image making - cyanotypes, film soups, emulsion lifts, and chemigrams.
12) Avec ce projet, j’ai jeté les bases de ma pratique de création d’image analogique. Je tenais beaucoup à ce que mon premier projet d’envergure autour du travail incorpore mon propre travail durant la phase d’impression. Pour mes prochains projets, je prévois mobiliser d’autres formes de création d’image analogique : cyanotype, soupe de pellicule, transfert d’émulsion et chimigramme.
Installation photos: Darren Rigo.
English to French translations: Sophie Boivin-Joannette.
Doorstep to Doorstep was exhibited at Gallery 44 (Toronto).
This blog post was written and photographed by Montreal portrait photographer Selena Phillips-Boyle. You can sign up for project updates by subscribing to the newsletter.
Photos de l’installation : Darren Rigo.
Traduction : Sophie Boivin-Joannette.
L’exposition De porte en porte avait lieu au centre Gallery 44 (Toronto).
Ce billet de blogue a été rédigé et photographié par Selena Phillips-Boyle, photographe-portraitiste montréalais·e. Pour être tenu·e au courant de mes projets, inscrivez-vous à mon infolettre.
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Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien.